Vœux des co-président·es (2024)

Au nom de l’AFEP, nous vous adressons à toutes et tous nos meilleurs vœux de bonheur pluraliste pour l’année 2024 !

Le 17 janvier dernier, à Davos, Christine Lagarde dénonçait le caractère tribal et sectaire d’une majorité d’économistes : “Many economists are actually a tribal clique. [They] are among the most tribal scientists that you can think of. They quote each other. They don’t go beyond that world. They feel comfortable in that world. And maybe models have something to do with it.” La présidente de la Banque Centrale européenne remettait ainsi frontalement en cause le fonctionnement de la discipline économique et ses instances de régulation.

Ces effets de réseaux étroits (small world) se retrouvent dans le fonctionnement de nos instances nationales. L’année qui s’est écoulée a été marquée par les élections au CNU. Si une plus forte participation électorale a permis de gagner un siège parmi les élu.es pour la liste pluraliste dans le collège A (professeur.es et directeur.trices de recherche), un siège a été perdu dans le collège B (maître.sse.s de conférences et chargé.es de recherche). Et des nominations monocolores ont renforcé les déséquilibres existants… Force et persévérance aux collègues qui œuvrent pour la défense et la promotion du pluralisme au sein du CNU ! Leur travail est fondamental.

La fin de l’année 2023 a aussi été marquée par les déclarations présidentielles sur l’organisation de la recherche française. Si le principe d’une « simplification administrative » peut susciter une large adhésion professionnelle, tant certaines procédures et règles rigidifient le travail de production des connaissances, il ne faut pas oublier que les règles protègent autant qu’elles contraignent. La « révolution » annoncée le 7 décembre vise à réduire le CNRS à une agence de moyens et, plus largement, à transformer l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) en s’appuyant sur un bloc restreint d’universités et d’établissements. C’est inquiétant pour l’ESR et pour le pluralisme car cela se fera sans ou contre la profession dans son ensemble. Le Président sera accompagné d’un conseil présidentiel de la science composé par ses soins et qui compte 12 membres dont la légitimité n’émane pas d’instances élues. Il intègre un économiste, Jean Tirole, qui n’a pas brillé par son soutien au pluralisme. L’AFEP rappelle que le pluralisme est au cœur de sciences vivantes, robustes et ouvertes et au fondement de la démocratie. Elle reste attachée au principe d’une instance de régulation nationale de la profession comme au principe de financements majoritairement récurrents.

Le pluralisme dans l’enseignement est essentiel. La publication récente, sous l’égide de l’AFEP, d’une enquête exhaustive et inédite sur l’enseignement universitaire de l’économie en licence livre un constat préoccupant. Elle documente précisément le manque de pluralisme dans les cursus de science économique en premier cycle : faiblesse de l’ouverture disciplinaire, part très réduite des cours réflexifs, domination de la théorie néoclas­sique, oubli des questions environnementales, etc. Le rapport souligne également la progression de la gestion dans les enseignements.

Ces constats et les défis pour la défense du pluralisme à venir qu’ils laissent présager ne doivent pas faire oublier nos réalisations collectives.  Pensons au Grand Manuel d’Économie Politique. Il constitue une ressource fondamentale pour promouvoir un enseignement pluraliste, ouvert sur les autres sciences sociales et en prise directe avec les défis économiques, écologiques et sociaux de notre temps.

Signalons enfin que l’AFEP s’est associée au Collège des Sociétés Savantes Académiques de France pour signer un communiqué dénonçant une loi immigration qui légitime une idéologie xénophobe et dis-criminatoire et va à l’encontre des connaissances scientifiques. Elle en signe un autre, à l’initiative de l’Association Française de Sociologie, au sujet des problèmes de coûts financiers élevés et d’accès des chercheur.es aux bases de données produites sur ressources publiques. C’est par la mobilisation collective que nous pourrons obtenir des avancées.

Pour conclure sur une note positive et constructive, rappelons que notre prochain congrès « Face aux crises, des planifications sont-elles possibles ? » aura lieu à Montpellier du 2 au 5 juillet 2024 et qu’il s’ouvre par les doctoriales. N’oubliez pas de nous faire parvenir votre résumé ou votre proposition d’atelier, les dates limites approchent rapidement. Notre association ne peut vivre sans votre concours à toutes et à tous. Rejoignez nos groupes de travail, pensez à renouveler votre adhésion. Sachez que tou.tes les membres du CA (et d’autres) sont disponibles pour participer à des débats, dans vos laboratoires ou ailleurs, pour mieux faire connaître les enjeux sociétaux comme de régulation de la vie professionnelle des économistes, pour mettre nos propositions en discussion, et pour présenter les productions AFEP. N’hésitez pas à faire appel à nous si nous pouvons vous être utiles.

 

Agnès Labrousse et Gaël Plumecocq, co-président.es de l’AFEP

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