Communiqué de presse de l’APSES
Reprenons la main sur nos programmes et notre métier
Paris, le 2 septembre 2019 :
En cette période de pré-rentrée scolaire se tenait la première Université d’été des enseignant-e-s et de l’éducation, organisée par des collectifs issus du mouvement contre les réformes Blanquer. Cet événement, lancé à l’appel de nombreux enseignants, collectifs, syndicats et associations, était également soutenu par l’APSES.
Ce soutien vise à rappeler les nombreuses critiques des professeur-e-s de SES vis-à-vis de la réforme du lycée et du baccalauréat, qui se traduit par la dégradation des conditions d’apprentissage de nos élèves ainsi que de nos conditions de travail, la mise en concurrence des disciplines et des lycées et l’exacerbation des inégalités entre les élèves issus des familles les mieux informées et les autres.
Plus spécifiquement, l’APSES est intervenue lors d’une table ronde portant sur la confection des nouveaux programmes scolaires de lycée, aux côtés d’organisations syndicales et disciplinaires. A cette occasion, elle a pu rappeler les critiques formulées par l’association à ces programmes, et les modifications qu’elle préconisait.
La réflexion collective a également permis d’identifier plusieurs défauts majeurs dans la séquence de refonte des programmes, communs à nombre de disciplines :
– La précipitation dans laquelle ces programmes ont été rédigés, au détriment d’une évaluation sérieuse des programmes existants, d’une concertation de qualité, et l’opacité des processus réels de prise de décision, qui empêchent l’autonomie des groupes d’experts et interdisent la publicité des débats ou des résultats de consultation.
– Le déni de l’expertise pédagogique et didactique des enseignant-e-s au moment de la fabrique des programmes (leur contribution était le plus souvent inaudibles au sein des groupes d’expert-e-s), et au moment de les amender (modifications à la marge des programmes, mêmes lorsqu’ils souffraient de défauts de conception patents).
– La non prise en compte des avis du Conseil Supérieur de l’Education, très largement négatifs sur la totalité des programmes présentés (à l’exception de celui de physique-chimie), qui pointe l’absence de prise en compte des organisations de la société civile (syndicats, représentant-e-s des parents, des élèves, etc.) pourtant porteuses d’une légitimité démocratique indispensable.
– Les restrictions notables de la liberté pédagogique des enseignant-e-s, qui sont de plus en plus transformé-e-s en exécutant-e-s, (caractère très prescriptif des programmes qui réduisent les possibilités d’adaptation des enseignant-e-s aux réalités de leurs classes, dimension encyclopédique qui réduit la possibilité de mettre en œuvre des méthodes actives, etc.).
– L’incohérence de concevoir les programmes en les déconnectant des modalités d’évaluation des élèves, alors que celles-ci conditionnent pour une large part les pratiques pédagogiques et la transposition didactique dans les classes.
– La difficulté à articuler les programmes de SES avec ceux des disciplines connexes (Histoire-Géographie, Mathématiques, SVT, Langues, Philosophie…) puisque la refonte de chaque programme a été traitée indépendamment des autres, ce qui a rendu quasiment impossible le dialogue avec ces disciplines.
Les collectifs pédagogiques présents ont rappelé l’importance pour les enseignant-e-s de s’inscrire dans une démarche de contre-expertise comme le fait l’APSES depuis de nombreuses années, afin de reprendre la main sur le métier.
C’est dans cette perspective que l’APSES a proposé des programmes alternatifs pour la terminale, en amont de la publication de la proposition du groupe d’experts.
C’est aussi cette démarche qu’elle a adopté lorsqu’elle a publié les « SES en liberté pédagogique », qui sont des pistes de contournement des obstacles pédagogiques contenus dans les programmes de Seconde et de Première. Il s’agit de pistes de mise en œuvre des programmes, dont l’objectif est d’améliorer l’intérêt et la faisabilité de programmes pluralistes tout en garantissant la réussite de tou.te.s les élèves au baccalauréat.
L’APSES continuera à porter la parole des collègues, à défendre le meilleur enseignement possible pour les élèves, et à militer pour des processus de confection des programmes plus transparents, démocratiques, et qui prennent véritablement au sérieux l’expertise pédagogique et didactique des enseignant-e-s. Elle organisera une enquête de suivi de l’application et de la faisabilité des nouveaux programmes de seconde et de première afin d’aboutir à des aménagements, améliorations et allègements significatifs des programmes.
Le communiqué de presse est disponible sur le site de L’APSES