Les conclusions et préconisations des rapports préalables au futur projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) montrent que ce projet est une menace sur le statut des enseignants-chercheurs et une atteinte au service public de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il porte atteinte à la liberté académique et à l’indépendance des recherches en accentuant le contingentement des financements aux appels à projet. Le projet dresse l’inégalité comme principe de base de la régulation. Il concentre les moyens sur une poignée d’équipes ou de collègues jugés excellents selon des critères évaluatifs largement discutables puisqu’en pratique, ils ne font qu’exprimer l’opinion majoritaire à l’instant considéré. Enfin, en érigeant comme principe de coordination la concurrence entre les acteurs, il porte atteinte aux collectifs de travail et à la coopération ; il accroît la précarité de nombreux acteurs de la recherche, notamment les plus jeunes.
Or ce type de mesures, on le sait, a pour effet d’accroître le conformisme et, ce faisant, de détruire le pluralisme alors que c’est précisément lui qui alimente la créativité et la controverse nécessaires à une recherche de qualité.
Sur la base de ces différents constats alarmants, l’AFEP, qui défend depuis 2009 le pluralisme dans l’enseignement et la recherche, tant sur les méthodes que sur les objets et cadres théoriques, demande, comme l’ont fait déjà de très nombreux laboratoires, un moratoire pour laisser le temps à l’ensemble des collègues de mettre en place des États généraux de l’ESR.”