Hommages à Alain Desrosières

C’est avec une infinie tristesse que nous avons appris la mort d’Alain Desrosières, vendredi 15 février. Une tristesse à la mesure de sa générosité, de sa curiosité, de la multiplicité de ses savoirs de statisticien, sociologue, historien, économiste et d’homme de culture.

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C’est avec une infinie tristesse que nous avons appris la mort d’Alain Desrosières, vendredi 15 février. Une tristesse à la mesure de sa générosité, de sa curiosité, de la multiplicité de ses savoirs de statisticien, sociologue, historien, économiste et d’homme de culture.

Tous ceux – et ils sont si nombreux – qui ont eu la chance de passer par le bureau 1001, au 10e étage de la tour de l’INSEE à Malakoff, resteront à jamais marqués par son infinie bienveillance, son œil malicieux, son élégante simplicité dans sa manière d’être comme de s’exprimer. Un passeur incomparable faisant circuler les idées et les savoirs entre les générations et entre des mondes qui trop souvent s’ignorent : petits mondes académiques mais aussi praticiens et associations. Il était capable de repérer un obscur document de travail sur internet et d’envoyer aussitôt un sympathique petit mail à son auteur proposant d’en discuter. Un homme de geste et de parole, vous fournissant en un clin d’œil dossiers d’articles photocopiés par ses soins, fichiers et liens, vous mettant en contact avec les personnes les plus diverses, faisant respirer et cheminer la pensée.

Toujours à l’affût de nouveaux bourgeonnements des savoirs, sans jamais sacrifier aux effets de mode ou aux hiérarchies établies. Il conjuguait exigence et bienveillance, érudition et simplicité. Parfois sévère à l’égard des pontes (mais sans méchanceté aucune), toujours encourageant avec les débutants. Son immense savoir n’était jamais pesant et encore moins pédant, il le faisait modeste et accessible, faisait parler les anecdotes et les statistiques, allant jusqu’à s’inventer des ignorances pour se mettre à la hauteur de son interlocuteur. Une cohérence rare entre l’homme, sa façon d’être et son œuvre. Une présence discrète, bienveillante, lumineuse.

Le mois de février aura été bien triste avec la disparition d’Alain Desrosières et de Bruno Lautier. Chacun à leur manière nous donnent une idée de l’esprit qui devrait inspirer les sciences sociales et tout particulièrement l’économie. Puisse leur mémoire nous animer et irriguer l’avenir.

Agnès Labrousse, AFEP

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Le décès d’Alain bouleverse toute une communauté, et me bouleverse.
Je ne sais plus quand j’ai rencontré Alain la première fois ni de visu ni par ses travaux. C’était il y a bien longtemps. Ses travaux sur les classes sociales étaient un idéal de démonstration sur les choix invisibles qui sont petit à petit opérés à l’occasion de la mise en nomenclature et en quantification.

Alain sera très certainement pour beaucoup d’entre nous le père fondateur de cette sociologie de la quantification dont les économistes ont, ou auraient grand besoin dans d’humbles actes de réflexivité à l’égard de leurs pratiques. Eux qui sont si friands des chiffres.

Je sais, parce que je le voyais, qu’Alain œuvrait à une mise en réseau informelle de toutes celles et tous ceux qui se nourrissaient de ses travaux, y compris parmi les plus jeunes. Je l’avais invité à un colloque sur les classes sociales que nous organisions avec le GDR “Économie et Sociologie” et il m’avait dit en substance : « je viendrai… mais derrière, pour le débat : place aux jeunes à la tribune! ». Et il m’avait fait d’heureuses suggestions que nous avions d’ailleurs suivies.

Je le voyais œuvrer en ce sens également avec beaucoup de délicatesse et de simplicité dans le séminaire EHESS de 2010 et 2011 auquel je participais, tandis qu’il l’animait avec Emmanuel Didier, faisant souvent des propositions de nouvel intervenant, après avoir lu un nouvel article, une nouvelle thèse.

Je suis intimement persuadée qu’il y a en France une “Ecole-Desrosières”. Elle est en marche et cela est une grande source d’espérance: parce que c’est la vie.

Florence Jany-Catrice, AFEP

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[Hommage de Gilles Raveaud sur le site d’Alternatives Economiques->http://alternatives-economiques.fr/blogs/raveaud/2013/02/15/alain-desrosieres-est-mort/ ]

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[Hommage de Michel Volle sur son blog->http://michelvolle.blogspot.fr/search/label/Amiti%C3%A9]

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